Par amour des chevaux

“Sans mon père, Cavasso n’aurait pas vu le jour. Ou sans moi. Nous étions complémentaires, un attelage en duo, lancé dans une folle aventure… qui me tient debout.”

Interview réalisée par Joëlle Guillevic, JG Ecriture(s)

Une passion exclusive

Chloé est tombée amoureuse des chevaux comme on tombe dans un chaudron magique : ce fut une révélation, une certitude, un engagement jamais démenti. La fée Cheval a dû secouer sa crinière devant le berceau, ce 14 juin-là. C’est à 9 ans que le sortilège opère : elle pousse la porte du centre équestre qui lui tend les bras, à quelques encablures de la ferme de ses grands-parents. Nous sommes à Hanvec, bourgade paisible du Finistère nichée au fond de la rade de Brest. “Je serai monitrice d’équitation au bord de la mer !”

Rien n’entame la détermination de Chloé. À 21 ans, elle empoche le monitorat. À 27 ans, avec Matthieu, son mari, elle crée les Ecuries de Kerrous, à Bodilis, sur la côte Nord du Finistère. Cavaliers tous les deux, elle en dressage, lui en saut d’obstacles, ils vivent leur passion en conjuguant l’enseignement et la compétition. Leur fils partage le même virus du sport équestre. Chloé savoure d’être profondément heureuse.

Chloé Violleau, fondatrice de Cavasso

Un genou à terre

Hiver 2010. Chloé tombe malade. Les paupières lourdes et les défauts d’élocution cèdent la place à une faiblesse musculaire dans les jambes. En janvier, elle ne peut plus monter les escaliers. Encore moins son cheval. “C’est le parcours du combattant qui démarre”. 

4 janvier 2012. Chloé a 33 ans. Son fils vient d’avoir 8 ans. Il est 18h à l'hôpital brestois où, au terme de deux années de traitements infructueux, elle subit un bataillon d’examens. Les médecins qui suspectaient une défaillance neuromusculaire, revoient leur diagnostic : l’affection est inconnue ; la maladie est orpheline ; ils ne savent pas l’enrayer. Espérance de vie : deux ans. Le choc, tellurique. Une nouvelle qu’elle taira pour protéger sa famille.

À cette date, le monde équestre est agité par l’annonce du tournage du film Jappeloup. Dans une interview, Guillaume Canet vante la sagesse d’un livre qu’il offre à ses proches. Chloé plonge dans la lecture des Quatre Accords Toltèques. Elle s’évade de la mécanique du corps et trouve dans ces vérités simples, un nouveau souffle pour ne rien lâcher.

Dans la foulée, Christian Noyat, son père, lui offre une vitamine à se mettre sous la dent. Entrepreneur en génie informatique, il ne connaît rien aux chevaux mais il connait sa fille. Impossible de l’imaginer loin des croupes et des sabots. Il faut juste déplacer son champ de vision, tourner le dos à la compétition et se focaliser sur ce qu’elle aime depuis toujours : soigner, soulager et développer la complicité avec le cheval. Histoire de redonner un sens à sa vie.

Son idée ? C’est Cavasso qu’ils officialisent le 12 octobre 2012.

Février 2023. Chloé ouvre la fenêtre. Un vieux chat se glisse dans la cuisine. Sereine, elle me dit : “Depuis 13 ans que nous vivons ensemble, la maladie et moi, nous ne sommes plus des ennemies. Des compromis ont été trouvés. Ce n’est pas parce que vous avez un genou à terre que vous êtes mort !”

Chloé Violleau dans son élément : la mer et les chevaux

Se consacrer au bien-être des chevaux

2013. Contre vents et marées, en dépit de la douleur et d’une fatigue chronique, Chloé s’investit dans la  création d’une première gamme de soins.

Ce qui l’anime ? La rage de vivre !

L’exploitation des algues est inscrite dans la culture finistérienne. Leurs vertus sont bien connues des gens du littoral. Elles inspirent les associés et particulièrement Chloé qui a eu la chance de gagner un séjour éclair à la Thalasso de Roscoff. “Un délice ! J’ai adoré”.

Au début de l’aventure, Cavasso commercialise des enveloppements aux algues, des argiles et un shampoing. Si le retour des clients est enthousiaste, l’usage reste ponctuel. Pour asseoir l’entreprise, Chloé mobilise les chercheurs. Elle veut pénétrer la sphère du quotidien et glisser Cavasso à portée de main, dans la boîte de pansage.

Fin 2013, elle présente l’Huile Sèche. “Ce fut une franche rigolade. Les chercheurs ont failli jeter l’éponge. Nous avons essayé une dizaine de formules. Aucune ne collait. Ou bien si, ça collait… au poil des chevaux qui poissait horriblement. Jusqu’à la dernière tentative : un miracle !”.

Ce succès en appelle d’autres. En 2014, pour lancer le Baume Sabots enrichi à la spiruline, Chloé fait du porte à porte téléphonique auprès des maréchaux ferrant de l’Hexagone. L’accueil est sympathique. La qualité du produit et l’efficacité de la formule font le job. Chloé ne lâche rien et, petit à petit, les ventes décollent.

Christian, de son côté, ne cède rien. “Tu as 100 euros pour faire de la pub. Débrouille-toi.” Il challenge sa fille qui relève le gant. Méticuleusement, elle communique sur Facebook. Le réseau s’élargit et la marque trouve son public : des passionnés, des amoureux de leur cheval, des soigneurs professionnels bientôt convaincus de la pertinence des extraits marins. 

À l'hôpital, Chloé refusait farouchement de “monter dans une poussette” (la chaise roulante qu’on lui présentait). À Bodilis, aux manettes de Cavasso, elle se tient droite, l'œil pétillant et le sourire lumineux. Difficile de déceler la fragilité qui, parfois, l’oblige à s'aliter. La joie de vivre. C’est ce qu’elle dégage et ce que le monde retient.

Automne 2017, le virage

Jusqu’à l’automne 2017, Cavasso navigue dans les eaux stimulantes d’un développement régulier. Et puis, le vent s’engouffre dans les voiles. Chloé n’a d’autre choix que d’abandonner les quelques heures qu’elle consacre au centre équestre pour surfer, à 100%, sur la vague qui propulse l’entreprise.

Des cavaliers prestigieux lui font confiance. En 2016, alors qu’elle s’apprête à supprimer la Poudre d’Algues, difficile à vendre, Julien Adam, masseur des cracks de Gregory Wathelet, ne tarit pas d'éloge sur son action. D’autres cavaliers pros partagent le même constat.

Du printemps 2017 à la rentrée 2018, deux lancements font le buzz. Algues Intenses et le Gel aux Algues étaient attendus : le premier, par les propriétaires de chevaux vivant au pré, le second, par les cavaliers de compétition qui rencontrent le même problème : pas de douche, climat inadapté, impossible de rincer à l’eau claire.

Chloé Violleau portrait
Le plus beau, c’est qu’au fil des utilisations, les cavaliers découvrent des bienfaits que je ne soupçonnais pas. Mon ami Olivier Le Cornec m’appelle un jour pour me dire que l’Huile Sèche soulage sa jument gratteuse. Un exemple parmi tant d’autres…
Se tisse, autour de Cavasso, un réseau de partenaires fidèles qui booste la notoriété de la marque.
C’est comme une famille soudée par l’envie d’apporter un maximum de bien-être aux chevaux.
Chloé Violleau

Par décence, au premier confinement 2020, Chloé stoppe toute communication.

Pour pallier la fonte musculaire des chevaux qui manquent d’exercice, pour se rassurer ou parce que le temps, en s’arrêtant, favorise les soins, pour des raisons inconnues, les commandes affluent.

En parallèle, les centres équestres souffrent. Certains peinent à nourrir leur cavalerie. Chloé répond à l’appel #soutienauxcentresequestres. Elle met en vente des produits, plus des photos dédicacées de Gregory Wathelet, Niels Bruynseels et Peter DEVOS, trois stars du CSO, partenaires de Cavasso.

100% des bénéfices, soit 800€, sont reversés au fond de solidarité créé par la Fédération Française d’Equitation.

Le bien-être du cheval comme passion

Seule aux manœuvres

Christian et Chloé sont partis de zéro pour lancer Cavasso. Sans un regard pour la concurrence, ils ont avancé main dans la main, partageant l’aventure et un goût certain pour l’entreprenariat. Chloé gère le développement produit et la commercialisation, Christian, l’administratif et le juridique. En août 2019, alors que Cavasso caracole au galop, Christian entame un combat inégal avec le cancer. Il décède au printemps 2021.

Au moment de tendre les rênes à sa fille, tout est en ordre. Un dernier conseil : basculer l’entreprise (dont il détient 30% des parts) en SASU pour sécuriser Chloé. De son côté, elle lui confie à l’oreille une nouvelle qui le rassure : +10% de CA en 2020. Le déchirement est à la profondeur de leur amour ; abyssal.

Chloé entame une navigation en solitaire. De nouveau, Cavasso monopolise ses forces. Les clients heureux la touchent, ravivent son enthousiasme. En août 2021, la marque est aux JO de Tokyo, dans la malle de l’équipe belge de CSO. C'était le rêve de Christian. Quelle joie il aurait éprouvée à la vue de la médaille de bronze !

Février 2023.

Tenu fermement (en avant, calme et droit :), Cavasso ne dévie pas de sa trajectoire :

le bien-être des chevaux comme priorité, les bienfaits de la mer par conviction.

“Il m’importe de préserver une gamme étroite de produits efficaces. Sortir un produit purement mercantile ne m’intéresse pas. Chaque matin, j’ai plaisir à travailler avec des gens supers. Je suis fière de notre audace. Je fais ce que j’aime, ce pour quoi je suis faite et la vie est belle. Il faut croire en ses rêves”.

Silhouette menue, cheveux d’ébène et sous la peau, une flamme. Chloé se tourne, souriante.

“Si j’ai un message à faire passer aux cavaliers : soyez amoureux !

Soyez, comme a dit Gandhi, le changement que vous voulez voir dans le monde”.

Le soin du cheval comme fil conducteur

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