Le sabot du cheval est une boite cornée qui protège les tissus internes innervés, les articulations et les os du pied. Il est constitué de sébum, lanoline et kératine, des composants qui assurent la rigidité tout en conservant une certaine souplesse et mobilité.
Cet ongle pousse à la vitesse moyenne d’un centimètre par mois. Il faut donc une année pour que la corne qui enveloppe le sabot soit entièrement renouvelée.
Le sabot est un organe majeur du déplacement de l’équidé. Il lui permet d’appréhender les différences de sol et d’absorber les pressions générées par le mouvement. C’est pourquoi, il est essentiel que le sabot soit à la fois souple et robuste, en un mot, en bonne santé !
La paroi ou muraille est l’enveloppe rigide qui entoure le pied, composée de : 1 pince, 2 mamelles, 2 quartiers et 2 talons. Elle pousse du haut vers le bas. La nouvelle corne ou avalure est produite par le bourrelet périoplique au niveau de la couronne. Le périople sécrète aussi un vernis protecteur qui protège le tissu cornéen de la déshydratation.
Sous le pied, moins dure que la muraille, la sole est la partie concave qui protège les parties sensibles du pied. Elle forme une voute fermée par la fourchette, en forme de V. Celle-ci est sécrétée par la chair veloutée et pousse en épaisseur. Elle est prolongée par les glomes (ou talons).
Le sabot du cheval est une fabuleuse mécanique forgée par la nature pour protéger les organes internes et permettre un déplacement permanent. À l’état sauvage, les équidés parcourent une quinzaine de kilomètres par jour pour se nourrir, échapper aux prédateurs et se mettre à l’abri des intempéries.
Le sabot doit faire face à l’abrasion, aux surfaces inégales des terrains, aux variations climatiques, aux écarts de poids de l’animal au fil des saisons. Protecteur, amortisseur et propulseur, soumis à d’énormes contraintes et pressions, le sabot joue un rôle capital dans la vie du cheval. Il est essentiel qu’il soit sain et fonctionnel.
En bonne santé, le sabot d’un cheval ou d’un poney doit présenter une corne lisse, homogène et naturellement lustrée. Sous le pied, la fourchette est souple, caoutchouteuse. Les lacunes, médianes et latérales sont peu profondes et résistantes. La sole présente une surface solide, uniforme. Elle s’exfolie au frottement et peut parfois présenter des inégalités ou des écailles. C’est un processus normal. Les barres, qui sont le prolongement de la boîte cornée, sont régulières, à fleur de la sole. Le pied est alors vigoureux, sain et porteur.
A contrario, certains dysfonctionnements visibles à l’œil nu, doivent vous alerter : une corne sèche et craquelée, une paroi fendue, une sole farineuse, une ligne blanche étirée ou creusée, une fourchette molle, des lacunes profondes, une sensibilité ou une odeur de pourriture lorsque vous curez les pieds sont autant de signaux à prendre en compte.
Enfin, le sabot est comme un livre ouvert sur la bonne santé générale de votre cheval. Il raconte aussi les aventures que l’animal traverse. Stress important, changement de vie ou d’alimentation, maladie et traitement médicamenteux… Les troubles métaboliques s’inscrivent dans la pousse de l’ongle, creusant des lignes qui témoignent d’événements perturbants ou traumatisants.
Chaque animal est un cas particulier. Il doit être considéré d’un point de vue individuel et holistique. Les conditions de vie impliquent des protocoles adaptés. Au-delà, la race, l’héritage génétique et l’âge sont des facteurs incontournables qui doivent influencer notre regard et notre compréhension. Parce que nous en avons la garde, nous avons le devoir de personnaliser les soins donnés au cheval ou au poney.
Observer le cheval est le premier geste soin. Les équidés nous envoient un faisceau de signaux qui traduisent leur état mental et physique. Une observation de qualité prend note d’un changement corporel ou d’une attitude inhabituelle. Elle évite de plaquer une émotion humaine sur le cheval au risque de parasiter la compréhension. C’est le secret pour décoder le langage subtil du cheval.
Les affections du pied sont responsables d’une majorité des boiteries. À ce titre, le sabot doit faire l’objet d’une surveillance quotidienne, dessus et dessous. Vérifier l’absence de plaie. Éliminer les corps étrangers. Avant d’utiliser le cure-pied, posez la main sur le sabot. Une chaleur localisée ou anormale signale une inflammation. Un pied trop froid, l’hiver, peut révéler que le cheval a du mal de se réchauffer.
La corne est fabriquée par le bourrelet périoplique ou périople, ce trait de corne molle qui coiffe la paroi. Le sabot pousse donc verticalement, du bourrelet vers le sol. Une corne abimée le restera. C’est la repousse qu’il faut soigner. C’est donc au niveau du bourrelet périoplique qu’il faut agir. La repousse en bonne santé viendra petit à petit se substituer à l’ongle ancien abimé. Pour être efficaces, les onguents doivent être appliqués sur le bourrelet périoplique et sur la partie supérieure du sabot.
Les pieds d’un cheval qui vit au box ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que ceux d’un cheval vivant au pré. Et inversement ! Si, un jour ou l’autre, l’un piétine dans une litière chargée d’urine, l’autre patauge dans la boue. Nos efforts et les infrastructures limitent plus ou moins considérablement les effets négatifs de la domestication sur les sabots du cheval. Il n’en reste pas moins vrai qu’à chaque cas de figure correspond un cas d’école. C’est ce que nous allons voir.
Quels sont les « dangers » du box pour les sabots ? Un défaut d’hygiène peut avoir de lourdes conséquences sur la santé du pied et celle de l’équidé. Une litière souillée par l’urine dégage de l’ammoniaque, un gaz caustique qui attaque la fourchette… mais aussi les poumons du cheval. En outre, l’humidité, lorsqu’elle est permanente, altère la nature de la corne et sa résistance.
Au box, l’équidé est limité dans ses mouvements. En cas d’immobilité prolongée, les chairs comprimées entre l’os du pied et la paroi se gorgent de sang, provoquant des engorgements, de l’inconfort voire de la douleur.
COMMENT PRÉVENIR PLUTÔT QUE GUÉRIR ?
L’humidité est l’ennemi numéro 1. L’eau stagnante et la boue font le lit des germes qui prolifèrent. Toute macération risque de provoquer une pourriture profonde de la fourchette. D’une manière générale, l’alternance humidité-sécheresse et les variations climatiques brutales affectent la qualité de la corne.
Au pré, le risque de surpoids est un problème majeur pour les pieds des équidés. Couvert trop riche, sols surpâturés, manque d’activité… Autant de facteurs qui génèrent des carences, déséquilibres et pathologies graves.
COMMENT PRÉVENIR PLUTÔT QUE GUÉRIR ?
Le fer protège le sabot de l’érosion. La corne pousse sans possibilité de s’user, un phénomène qui modifie les aplombs et peut fatiguer les articulations. Le passage régulier du maréchal-ferrant, idéalement tous les 40 à 65 jours, est indispensable au maintien d’une bonne locomotion.
Le fer perturbe et entrave la vascularisation du pied. C’est son principal inconvénient. La corne est plus sujette à la sécheresse. Moins souple, elle est plus fragile. Un pied ferré doit être entretenu régulièrement et toute l’année à l’aide d’onguents hydratants et nourrissants. Moins sollicitée, la sole peut s’affiner et le pied devenir sensible. Le goudron de pin (ou de hêtre) contribue à durcir la surface solaire. Antiseptique et asséchant, le goudron crée une bonne protection contre les effets délétères de l’urine ou de l’humidité. Cependant, son emploi doit être raisonné, réservé à la sole et à la fourchette. Surélevée par rapport au sol, la fourchette est assez peu mise à contribution. Lorsqu’elles deviennent profondes ou en fin de ferrure, les lacunes peuvent s’encrasser et garder l’humidité. L’application de produits aux propriétés filmogènes peut limiter ce désagrément.
Après la douche, séchez le sabot, les glomes et le paturon. Enfin, un corps étranger coincé sous le fer peut rapidement provoquer une bleime (un hématome qui se forme derrière la sole). Lors d’un exercice en terrain varié, s’équiper d’un cure-pied peut se révéler utile.
Quoiqu’il en soit, chaque cheval est à prendre au cas par cas. Demandez conseil à votre maréchal-ferrant qui est le mieux placé pour vous guider sur les gestes à adopter et les soins à apporter.
Qu’il soit au travail ou au repos, un cheval pied nu doit être paré toutes les 5 semaines en moyenne. Une usure inégale amplifie rapidement les défauts d’aplombs et les déséquilibres corporels. La nature des terrains sur lesquels le cheval évolue conditionne la fréquence du parage. Moins ils sont abrasifs, plus le suivi doit être rapproché.
Vérifiez quotidiennement l’absence de cailloux dans la ligne blanche. Tout ramollissement, décollement ou fissure de la paroi ouvre la porte aux bactéries, risquant de provoquer une fourmilière. La moindre atteinte doit être nettoyée et soignée. Il existe des produits spécifiques, apparentés à des mastics, pour assainir et colmater ces blessures du sabot.
Un pied nu fonctionnel est vigoureux. La circulation sanguine favorise les échanges qui participent à la bonne santé du sabot. Mais les conditions de vie et l’hérédité creusent les inégalités entre individus. Certaines cornes tendent plus que d’autres à sécher, à se fendiller. Le recours aux baumes est alors nécessaire pour nourrir et assouplir. Une sole fine peut être durcie et renforcée par l’application de goudron de pin. Mais attention, le pied doit pouvoir respirer !
Généralement traumatique, causée par un choc sur un caillou, la bleime est un hématome qui se forme sous la sole. On peut distinguer l’épanchement du sang sur les cornes claires qui se teintent alors de rose. Elle occasionne une gêne ou une sensibilité, rarement une boiterie, sauf lorsqu’elle provoque un abcès. Les chevaux aux pieds plats ou la sole fine sont prédisposés aux bleimes. L’usage de plaques sous les fers ou d’hipposandales peut limiter leur apparition.
Très douloureux pour l’équidé, l’abcès se forme à l’intérieur de la boite cornée. C’est une inflammation des parties vives, principalement causée par une bleime, une infection ou une surcharge métabolique. La boiterie est alors sévère. Au toucher, il est assez facile de distinguer une chaleur localisée dans le sabot. Autre indicateur : un pouls digité frappé au niveau des artères de part et d’autre du paturon.
Plusieurs choix s’offrent à vous : faire appel au maréchal-ferrant pour ouvrir un accès, drainer l’abcès et soulager la pression dans le pied. Percé, le sabot doit absolument être maintenu dans un endroit propre et sain. Autre alternative, moins intrusive mais plus longue : les cataplasmes de graine de lin ou les pansements humides de type Animalintex accélèrent le murissement de l’abcès qui perce alors en talon ou en couronne.
La fourmilière est causée par l’entrée d’un germe au niveau de la ligne blanche, à la jonction de la sole et de la paroi. L’infection remonte alors vers la couronne provoquant un décollement de la paroi. La formation d’une poudre blanche ou noire doit vous alerter. Mieux vaut détecter la fourmilière rapidement car le traitement qui vise à mettre à nu la cavité est invasif. Seule la repousse d’une corne saine peut faire disparaitre l’ouverture. Et c’est long!
La seime est une fente verticale qui part du sol et remonte vers le bourrelet périoplique. Une corne trop sèche ou un défaut d’aplomb, créant une surpression, en sont généralement la cause. Le remède ? Assouplir la corne et supprimer le point d’appui à l’aide d’un parage ou un fer adapté.
Provoquée par une macération en terrain humide ou un manque d’hygiène, la pourriture de fourchette est une infection douloureuse. Elle peut conduire à des compensations physiologiques, le cheval soulageant la zone par un report de poids. Profonde, elle peut gagner les chairs ouvrant la voie à diverses complications. Des produits spécialisés existent pour protéger et soigner. Néanmoins, le premier geste soin reste la prévention.
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir accès à des connaissances de plus en plus précises sur les besoins fondamentaux du cheval et les moyens de prévenir les pathologies. La façon de nourrir nos équidés a profondément évolué au cours des dernières décennies avec, par exemple, la mise en lumière de l’apport indispensable de fibres, en continu.
Le sabot, organe primordial, n’est plus un inconnu. Vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides gras et acides aminés jouent un rôle capital dans son développement. Désormais, nous savons qu’il faut une alimentation équilibrée, contenant tous les nutriments dans une juste proportion, pour régénérer la corne, quotidiennement. Pour assurer la bonne santé des sabots de nos chevaux, notre première tâche est de choisir l’alimentation adaptée, raisonnable et de qualité.
En conclusion, gardez en mémoire que le trop est l’ennemi du bien, que l’observation et le bon sens évitent bien des désagréments. Pour des sabots sains, soyez vigilant au quotidien, exigeant sur l’hygiène. Et pratiquez un usage raisonné des graisses, onguents et autres produits d’entretien.
En complément, nous vous invitons à lire nos articles traitant du sabot du cheval et du poney :
Pour en savoir plus : EQUIPEDIA, le pied du cheval
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